Et si la maison basse consommation était aussi une maison écologique ?

La maison BBC dispose d’un label et est soumise à une certification. Elle doit répondre à des critères précis : une consommation d’énergie primaire de 50 kWhep/m².an et un test de perméabilité à l’air (0.6 m3/h.m²). La consommation d’énergie primaire est modulée en fonction de la zone géographique. La maison basse consommation est donc une maison étanche et consommant peu d’énergie. Mettons tout de suite les choses au point : la basse consommation est un objectif à soutenir et important car il ouvre la voie à de nouveaux types de bâtiment plus respectueux de notre environnement.

Cependant, les choses sont à relativiser. Une fois de plus, le label ouvrant droit au crédit d’impôt et à diverses aides, des opportunistes se sont engouffrés dans le marché du BBC. Le label présente en effet plusieurs failles. Tout d’abord la consommation d’énergie est une énergie primaire. Ainsi une « bonne » pompe à chaleur, c’est-à-dire avec un coefficient de performance important palliera un bâti peu performant en terme d’isolation. Quant au test d’étanchéité, il est réalisé après obstruction des ventilations souhaitées. Il s’agit donc d’évaluer les fuites et non de vérifier l’étanchéité réelle de la maison. De plus, aucune attention n’est portée sur le type de matériaux choisis.

Du coup, on peut faire du BBC avec  presque tout. Bien des promoteurs l’ont compris qui proposent des maisons en y collant un label BBC alors même que celui-ci n’est délivré qu’à postériori… et en majorant le prix en proportion des aides à venir bien sûr !

Voici quelques exemple d’aberrations de ces constructions :
- La VMC double flux est souvent écartée par les promoteurs alors même qu’elle apporte une réelle économie sur le chauffage, de l’ordre de 15 à 20 %. Sa consommation d’électricité supérieure à une ventilation simple flux est désavantagée dans les calculs.
- L’isolation est pratiquement toujours en laine de verre, moins chère, mais qui nécessite beaucoup plus d’énergie pour sa production et son recyclage que pratiquement tous les autres isolants (hormis le polystyrène). La durée de vie du produit et ses performances (en terme de déphasage par exemple) ne sont pas prises en compte.
- La certification est délivrée par des organismes qui possèdent une marge de manœuvre sur les critères. Ainsi, des produits certifiés dans d’autres pays européens sont refusés parce qu’ils n’ont pas la certification CSTB qui est rappelons-le payante … Parmi les organismes certificateurs se trouvent Promotelec dont un des adhérents est le CSTB … A quand une certification européenne indépendante ?

Le label BBC actuel est censé préfigurer la future RT2012. Espérons que des critères plus larges qu’un simple calcul logiciel permettront d’aboutir à des constructions réellement durables : basse consommation et respectueuses de l’environnement. Des normes pour le bien-être de tous et non au profit de lobbies et de quelques industriels qui n’ont pas su faire évoluer leur offre de produits.

4 commentaires sur “Et si la maison basse consommation était aussi une maison écologique ?

  1. Le choix des isolants est certes un critère écologique. Mais il faut aussi penser au choix des matériaux de structure. Et en la matière, le bois est un matériau écologique par essence !

    • Bien sûr. L’isolation n’est qu’un des exemples que j’ai retenu sur cet article. C’est l’empreinte générale du bâtiment qui devrait être prise en compte.
      Et surtout au travers de label indépendant et non de marques commerciales destinées à faire rentrer des sous dans la poche d’industriels…

  2. Le test d’étanchéité à l’air est souvent pratiqué en deux temps.
    Un pré-test lorsque la construction est mise hors d’air, c’est-à-dire après pose du pare vapeur. A ce stade, les ventilations sont effectivement et volontairement obturées pour tester « l’enveloppe ». Cela permet de détecter les fuites récurrentes aux menuiseries, coffre de VR quand il y en a et à la jonction dalle-mur, lorsqu’on est en présence d’une dalle béton.
    Les éventuelles retouches sont effectuées et il convient d’obtenir un résultat de l’ordre de 0.4.
    Lorsque la maison est complètement terminée, doit se faire le test final. La maison est alors testée en fonctionnement normal, y compris avec le poêle à bois s’il y en a un de prévu, ou de la cheminée avec insert.
    Ces équipements sont pénalisants et il faut compter avec d’éventuels accidents de chantier non réparé, comme un coup du cutter dans le PV. Le test doit être inférieur à 0.6, c’est la raison pour laquelle il y a intérêt à être meilleur au test préliminaire.
    Là où l’on peut se poser des questions, c’est qu’aujourd’hui, le test final n’est pas toujours exécuté et la maison est déclarée BBC alors qu’elle ne l’est pas obligatoirement.
    Autre question préoccupante, à ce jour, seuls 60 contrôleurs sont agréés en France et il y a environ 150 dossiers à l’instruction.
    Hors, à l’horizon du 1er janvier 2013, il faudrait environ 5000 contrôleurs en France.
    Tout comme les BE thermiques qui fleurissent quotidiennement, je pense que vont très vite se créer des vocations, somme toutes lucratives, dans les mois et années qui viennent. Comment le ministère qui gère aujourd’hui les agréments, pourra faire face à une telle demande.
    Quant aux isolants dits naturels comme la laine de bois par exemple, il faut savoir que son bilan carbone est catastrophique à cause de l’énergie dépensée au défibrage du bois.
    Boisphilement votre

  3. Les normes BBC évoluent tres vites. Nous appliquons bien sur la RT2012 et travaillons a la future norme qui sera applicable d’ici 10 ans. Il existe bien sur tout un panel de matériaux plus ou moins ecologiques et economiques que se soit dans leur conception, acquisition, traitement après usage. C’est aussi notre devoir de constructeur que d’amener les clients en fonction de leur budget a comprendre ces différents impacts.

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